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Une sieste et une bonne nuit de sommeil pour des parents heureux et des enfants compétents ?

Dernière mise à jour : 25 sept. 2023


Synthèse de l’article : « Werchan, D. M., Kim, J., & Gómez, R. L. (2021). A daytime nap combined with nighttime sleep promotes learning in toddlers. Journal of Experimental Child Psychology, 202, 105006. https://doi.org/10.1016/j.jecp.2020.105006 »



Synthèse rédigée par Isabelle Chouvin Relvas et Jennifer Gil, Master 1 de Psychologie du développement, Université Paris 8.


Le sommeil a une place centrale dans nos vies. En effet, à 80 ans, nous aurons passé environ un tiers de notre vie à dormir ! Cela n’est pas anodin puisque le sommeil est indispensable au bon fonctionnement de notre corps et de notre esprit. En effet, la nuit est utile pour retenir les informations apprises durant la journée (Institut National du Sommeil et de la Vigilance, 2022). Nous pouvons alors facilement imaginer l'importance d'une bonne nuit de sommeil pour nos enfants. Mais qu'en est-il de la sieste ? Pouvons-nous continuer de nous reposer sans culpabiliser pendant que nos chers bambins font la sieste ? Et ce, même s'ils ont l'âge de rentrer en maternelle ? Chez les nourrissons et les tout-petits, il a en effet été démontré que faire une sieste après des apprentissages leurs permettait de mieux retenir les informations apprises jusqu’au soir et ainsi, de profiter des bienfaits d'une nuit de sommeil. Qu'en est-il de ceux qui cheminent vers l'école ?


Les bienfaits d’une sieste combinée à une nuit de sommeil

La sieste est bénéfique pour les apprentissages des tout-petits (Sandoval et al., 2017 ; Williams & Horst, 2014) mais son utilité se questionne pour les plus de 2 ans. Werchan et al. (2021) se sont ainsi intéressés aux effets de la sieste et d'une nuit de sommeil sur les apprentissages des enfants âgés de 2 ans et demi. Leur étude cherche à montrer que les enfants bénéficiant d'une sieste après un apprentissage présentent de meilleurs résultats après une nuit de sommeil que ceux n'ayant pas bénéficié de sieste. Par ailleurs, ils veulent également montrer que les effets positifs de cette sieste n'ont lieu qu'après une nuit de sommeil.


Les 54 enfants âgés de 2 ans et demi recrutés pour leur étude effectuaient d’abord une phase d’entraînement lors de laquelle trois exemplaires de trois catégories d'objets différents leur étaient présentés pendants 10 secondes. Puis, un distracteur était présenté pendant 30 secondes (Voir Figure 1). Lors de la phase test, les enfants étaient évalués sur leurs capacités à sélectionner un nouvel exemplaire de la catégorie apprise en présence de distracteurs. Les réponses étaient obtenues par pointage et pour vérifier les réponses, un logiciel de suivi oculaire permettait de mesurer les mouvements et les fixations oculaires des enfants.


Différents groupes

Pour évaluer les effets d'une sieste combinée à une nuit de sommeil sur les apprentissages les chercheurs ont comparé trois groupes différents :

– Un groupe « Sieste + nuit de sommeil » : les enfants ont participé à une séance d’entraînement, ils ont fait une sieste une heure après, puis ils ont dormi la nuit pour être testés le lendemain.

– Un groupe « Sans sieste + nuit de sommeil » : les enfants ont participé à la séance d’entraînement dans la journée, ils n'ont pas fait de sieste, puis ils ont dormi la nuit pour être testés le lendemain.

– Un groupe « Contrôle sieste sans nuit de sommeil » : les enfants ont participé à la séance d’entraînement une heure avant leur sieste puis ils ont été testés quatre heures après le réveil de la sieste.


La sieste seule suffit-elle pour l’apprentissage ? Ou bien la nuit seule est-elle suffisante ? Ou les deux sont-elles nécessaires ?

Les enfants du groupe « Sieste + nuit de sommeil » ont mieux désigné les nouveaux exemplaires de la catégorie apprise lors de la phase de test que les participants des deux autres groupes. La sieste combinée à une nuit de sommeil permet donc une amélioration des performances de mémorisation des enfants. Les enfants du groupe « Sans sieste + nuit de sommeil » et ceux du groupe « Contrôle sieste sans nuit de sommeil » présentent des résultats similaires. De ce fait, une sieste seule ne permet l’amélioration des performances de mémorisation que si elle est combinée à une nuit de sommeil. Les chercheurs estiment donc que la sieste permet à l'enfant de retenir les informations jusqu'à la nuit pour bénéficier ensuite des bienfaits d’une nuit de sommeil.

La nuit ne suffit-elle pas ?

Si la sieste permet de retenir les informations jusqu'à la nuit de sommeil, alors les enfants ayant effectué les apprentissages juste avant la nuit de sommeil présenteront-ils les mêmes résultats que ceux ayant fait une sieste dans la journée ? Pour répondre à cette question, les mêmes chercheurs ont fait une deuxième expérience au cours de laquelle les enfants ont participé à l’entraînement une heure avant le coucher du soir et ont été testés quatre heures après s’être réveillés le lendemain matin. Les résultats de ce groupe « Nuit - sommeil » sont moins bons que ceux du groupe « Sieste et nuit de sommeil » de la première expérience.


De ce fait, les enfants qui ont fait une sieste peu après les apprentissages et qui ont bénéficié d’une nuit de sommeil pour être testés le lendemain présentent de meilleures performances que les enfants qui n’ont bénéficié que de la nuit de sommeil après les apprentissages. D'autres facteurs sont entrés en ligne de compte comme le temps d'éveil et l'heure de l’éveil. En effet, un enfant ayant bénéficié d'une sieste la journée est plus reposé qu'un enfant ayant été éveillé toute la journée. De plus, même si les apprentissages ont été faits avant la nuit de sommeil, la fatigue cumulée de la journée peut se faire ressentir sur les résultats.


Faites des siestes avec vos enfants !

Ces deux expériences permettent de conclure que la sieste a un effet sur la généralisation de nouveaux apprentissages auprès des enfants testés après une nuit de sommeil. En effet, la sieste chez les jeunes enfants est riche en sommeil lent qui permet la consolidation et la stabilisation des apprentissages nouvellement encodés en mémoire. Le sommeil nocturne, quant à lui, contient des cycles avec différents processus qui réorganisent les informations nouvellement apprises en représentations et facilitent ainsi les apprentissages. Le sommeil joue donc un rôle crucial dans les apprentissages. De ce fait, la sieste permettrait aux enfants de 2 ans et demi, pourvus d'une mémoire à long terme encore peu robuste à cet âge, de retenir les informations jusqu'au soir pour bénéficier des bienfaits du sommeil nocturne. Au moment où nos chérubins rentrent à l'école on pourrait penser que le temps de la sieste est terminé. Cette étude vient confirmer l'importance de laisser un temps et un espace nécessaire pour la sieste à l'école. Ainsi, comme le souligne le ministère de l’éducation nationale, « l'organisation de la sieste doit pouvoir se faire avec toutes la souplesse nécessaire à la prise en compte des besoins de chaque enfant, qui évoluent de 2 à 6 ans. ». De plus, il ne faut pas oublier que la privation de sommeil a un impact sur la cognition notamment sur l'attention, les apprentissages et la mémorisation. Cette étude montre donc l'importance de la sieste chez les 3-6 ans et par conséquent, l’importance de la sieste à l'école., Il faut néanmoins prendre en compte que les besoins en sommeil des enfants de 3 à 6 ans sont variables, et que la sieste n’a pas nécessairement vocation à être imposée à tous au-delà de la petite section.


REFERENCES
Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV). (2022, août 2). Tout savoir sur le sommeil. https://institut-sommeil-vigilance.org/tout-savoir-sur-le-sommeil/
Sandoval, M., Leclerc, J. A., & Gómez, R. L. (2017). Words to Sleep On: Naps Facilitate Verb Generalization in Habitually and Nonhabitually Napping Preschoolers. Child Development, 88(5), 1615 1628. https://doi.org/10.1111/cdev.12723
Werchan, D. M., & Gómez, R. L. (2014). Wakefulness (Not Sleep) Promotes Generalization of Word Learning in 2.5-Year-Old Children. Child Development, 85(2), 429-436. https://doi.org/10.1111/cdev.12149
Werchan, D. M., Kim, J., & Gómez, R. L. (2021). A daytime nap combined with nighttime sleep promotes learning in toddlers. Journal of Experimental Child Psychology, 202, 105006. https://doi.org/10.1016/j.jecp.2020.105006
Williams, S., & Horst, J. S. (2014). Goodnight book: sleep consolidation improves word learning via storybooks. Frontiers in Psychology, 5. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2014.00184
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